Déguster un gin wallon à base de potiron

Découvrir de nouvelles saveurs est une de mes activités préférées, vous l’avez déjà constaté. Alors, lorsque Louise, une jeune étudiante en communication de la Haute Ecole de la Province de Liège, choisi de faire son stage à mes côtés et me propose de découvrir un produit 100% wallon que je ne connais pas encore, je ne peux qu’accepter !

C’est à Ciney, la capitale du Condroz, que Louise me donne rendez-vous pour me faire découvrir le fruit de la passion d’un couple, Sylvie et Cédric. Le rendez-vous est pris et je rejoins avec une légère crainte l’adresse qu’elle me donne. Heureusement, nous sommes en pleine journée, car déambuler à la nuit tombée dans le quartier du « Clos des Macrales » n’était pas pour me rassurer. En wallon, le mot macrale désigne une sorcière, gloups !

Dès notre arrivée, l’ambiance est détendue et ma tension redescend d’un cran lorsque je vois sur la table un ensemble de bouteilles joliment décorées et que Cédric me glisse entre les mains un dépliant plutôt rassurant. Je comprends rapidement que Louise m’a concocté une nouvelle dégustation, mais vu le format des bouteilles, il ne devrait pas être question d’une nouvelle bière. Après cette brève entrée en matière, Cédric commence à me raconter l’histoire qui se cache derrière tous ces flacons : celle du gin. Depuis de nombreuses années, il se passionne pour cette boisson et il a embarqué son épouse Sylvie dans cette aventure. Durant leurs vacances, ils en profitent pour visiter différentes distilleries de gin, en France, en Angleterre et même jusqu’au Canada. Ils découvrent, explorent, dégustent et discutent avec de nombreux producteurs passionnés par leur métier. Bien qu’hésitante au début, Sylvie y trouve son compte rapidement, tellement la diversité des gins est grande. Quand la plupart des gens pensent au gin, c’est souvent un « London Dry Gin » qui leur vient à l’esprit, quant à elle, elle a trouvé son bonheur dans la catégorie des contemporains : un gin dont la saveur principale est autre chose que les baies du genévrier.

Leur vie bascule un soir d’hiver 2017, alors qu’ils sont dans leur cuisine et que Sylvie prépare une soupe au potiron bleu de Hongrie, ramené de la fête de la courge à Corbion (Ciney). Du potage au gin, il y a pourtant plus qu’un pas à faire et Cédric fait alors plusieurs bonds dans la maison : il lance l’idée de créer et de développer leur propre gin à base de cette cucurbitacée. Comme la chair de ce potiron est tellement appétissante et douce, et d’un beau rouge orangé à l’intérieur, il se dit que cela pourrait convenir pour développer un nouveau gin, leur gin. Sylvie connait bien son mari et sa détermination, elle le suit sans hésiter dans ce projet commun. La cuisine familiale devient alors un laboratoire où le couple, sous les regards amusés de leurs enfants, teste différentes formules pour parvenir à concevoir leur propre élixir. Persévérance, constance et passion : voilà les ingrédients premiers pour réussir une bonne recette. Après cette phase d’essais, le produit est fin prêt : un gin au potiron. Incroyable, mais pourtant bien vrai !

Choisir l’ingrédient de base fut facile, mais quand on habite en ville et qu’on a un petit jardin, cela devient un peu plus complexe pour en assurer le développement et la commercialisation. Car l’objectif des deux comparses est bien de partager leur création avec les amateurs de ce breuvage, qui a de plus en plus le vent en poupe dans notre pays. Pour produire des potirons, Cédric fait appel à son ami Philippe Lhoas (producteur à Corbion) et parvient à le convaincre d’en planter suffisamment pour pouvoir élaborer un spiritueux cinacien, sans lui dévoiler le projet en détail. Le producteur est trouvé, il faut maintenant partir à la recherche d’un maitre distillateur. Car si Cédric est déterminé, il n’a pas les compétences et le matériel pour mettre en musique les tests réalisés dans sa cuisine. Après quelques mois de recherches et de rencontres, le couple fait la connaissance d’un expert qui accueille leur projet à bras ouverts et qui leur donne accès à sa distillerie. Celui-ci leur permet de réserver des périodes durant l’année pour distiller leur nectar dans de bonnes conditions.

Après cette parenthèse historique et ô combien instructive, Sylvie nous questionne sur nos goûts. En effet, le gin s’associe avec du tonic, et là aussi la diversité des saveurs est impressionnante. On dirait bien que la dégustation se rapproche. Toutefois, comme j’ignore tout de cette boisson, je pose des questions sur la méthode de préparation du gin : les différences entre ces fameux tonics, sur les quantités à respecter, la présence ou non de glaçons, etc. Sylvie nous précise que le parfait Gin Tonic se prépare avec 5cl de Gin et 20cl de tonic, accompagnés de quelques glaçons. Les tonics peuvent être classés en grands secteurs : neutre, herbal, agrumes, poivré, agustura. Pour le choix du verre, il est libre et les yeux pétillants de bonheur, elle nous fait découvrir ceux qu’elle a choisis et décorés au nom de Cin’Kin. Louise envisage plutôt un tonic poivré et moi, j’opte pour un agrumes, à base de clémentine. Nous nous retrouvons sur la terrasse pour enfin faire connaissance ce Cin’Kin Gin Pumpkin et pour moi, avec le tout premier Gin Tonic de ma vie, et probablement pas le dernier ! 

Tout en dégustant notre gin, j’interroge Cédric sur le nom qui a été choisi. Il semblait logique d’intégrer tant le nom de sa ville (Ciney) que le nom de leurs filles (Kiara et Nora) dans l’identité de leur produit, d’où le nom Cin’Kin. Quant au choix de l’illustration sur la bouteille (une sorcière), il est en lien direct avec le lieu où a été élaboré la toute première recette : au clos des Macrales. Les couleurs de celles-ci représentent en partie la palette de couleur du potiron. Sylvie enchaîne alors avec les dessins présents sur les autres bouteilles et nous parle de la gamme, car le gin au potiron bleu de Hongrie n’est pas leur unique produit. Il y a aussi le Cin’Kin Gin Cherry, où la sorcière porte une jupe de couleur rouge pour rappeler celle des cerises (récoltées dans le Condroz). Une version sans alcool est aussi disponible, le Cin’Kin Ô, accompagnée par le dessin d’un pic-vert régulièrement présent autour de la maison. Elaboré à partir du Cin’Kin Gin distillé, un gin liqueur unique à base de fleur Tagetes Patula révèle un goût agréable de fruit de la passion, c’est le Cin'Kin Liqueur Tagetes. Nous sommes d’ailleurs bien curieuses de découvrir le prochain ingrédient auquel ils penseront pour élaborer leur nouvelle recette. Pour découvrir la gamme actuelle, consultez cette page.

Nous quittons Cédric et Sylvie avec l’impression d’être sur un petit nuage, car nous partageons avec eux un peu de leur fierté. Leurs gins ont été récompensés dans de prestigieux concours internationaux : World Gin Awards (2019 et 2020), International Wine & Spirit Competition (2019 et 2020) et  Spirits Selection by Concours Mondial de Bruxelles (2019).

A la base, ils souhaitaient tout simplement faire découvrir un gin prémium de qualité, mettre en valeur une plante cultivée localement et le terroir de la région de Ciney. Ces reconnaissances internationales dépassent tous leurs espoirs et témoignent de la qualité du travail effectué et du soin apporté à la préparation de leurs produits.

Et tenez-vous bien ! Quelques jours après notre rencontre (mi-février) les résultats du World Gin Awards 2021 sont tombés : 2 médailles remportées ! L'argent pour le Cherry et la bronze pour le Pumpkin !

Félicitations pour cette nouvelle reconnaissance !

Abonnez-vous à la page de CinKin pour en savoir plus et soutenir ce couple talentueux.

Passion et authenticité, voilà les mots clés qui se cachent derrière ce produit wallon de qualité ! Santé !